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Fondation Groupe RATP / Article illustré / Interview complète de Sophie Mazoué, Responsable du Développement Durable du Groupe RATP
12 octobre 2021

Interview complète de Sophie Mazoué, Responsable du Développement Durable du Groupe RATP

Peux-tu nous dire quelques mots sur le dernier rapport du GIEC sur le climat ?

En Août 2021, le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat) a publié un nouveau rapport alarmant sur le climat.

Le GIEC est une organisation regroupant 195 Etats membres de l’ONU qui fournit des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques et d’adaptation.

La synthèse de ce rapport est consultable sur internet. Il faut en retenir 3 idées majeures. La 1ère : L’influence des activités humaines sur le climat est sans équivoque. La seconde : Le climat se réchauffe plus vite que prévu (le rythme du réchauffement sur les 50 dernières années est sans précédent depuis au moins 2 000 ans et compte tenu des Gaz à Effet de Serre que nous avons déjà émis dans l’atmosphère, le climat va continuer de se réchauffer, augmentant la fréquence des évènements extrêmes. Le CO2 reste en moyenne présent dans l’atmosphère un siècle.

La 3ème qui est le point positif, c’est qu’il est encore possible d’agir : le GIEC a étudié 5 scénarios.

Une baisse rapide des émissions permettrait de limiter le réchauffement d’ici 2100 entre 1.4 et 1.8°C. Cela implique d’arriver à la neutralité carbone vers 2050.

La réduction massive de nos émissions de GES ne suffira pas pour atteindre la neutralité carbone il faut développer le stockage du CO2.

 

 Mais alors, comment la RATP agit en matière de climat ?

Le groupe RATP propose des solutions de mobilité qui répondent aux enjeux climatiques. A Paris, sur le réseau de la RATP, à distance égale, on émet jusqu’à 60 fois moins de CO2 lorsqu’on se déplace en RER ou en tramway qu’en empruntant sa voiture.

Le groupe RATP est engagé de longue date en faveur de la réduction de ses émissions de Gaz à Effet de serre. Qu’il s’agisse de ses biens immobiliers, de ses matériels roulants ou de ses infrastructures ferroviaires, l’entreprise œuvre pour réduire sa consommation d’énergie et ses émissions de GES. Nos actions sont concrètes et ambitieuses. On citera bien évidemment le planBUS2025 qui vise à convertir l’intégralité de la flotte de bus (4700 bus), à l’électrique et au bioGNV mais également les programmes de modernisation de matériels roulants ferrés qui permettent 15 à 20% d’économie d’énergie. Dans l’immobilier nous agissons également lors des opérations d’adaptation ou de rénovation de nos sites (centres bus, ateliers…), ainsi que sur la gestion des sites existants à travers l’implication des agents qui déploient localement des plans d’action environnementaux (économie de l’énergie, de l’eau, gestion des déchets…).

Enfin nous avons aussi la responsabilité d’agir sur les émissions de GES générées indirectement par nos activités. Par exemple, nous demandons systématiquement aux industriels la fourniture d’un bilan carbone pour l’ensemble des matériels roulants que nous achetons.

 

Tu me disais qu’un autre domaine dans lequel il y avait beaucoup d’évolution, c’était l’économie circulaire. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

L’économie circulaire apparaît comme un modèle de mise en œuvre du développement durable dont l’objectif est de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l’eau et des sources d’énergie. C’est ainsi une opportunité de diminuer les tensions sur les ressources, de produire des biens et des services de manière plus durable, de réduire la production de déchets et de relocaliser l’emploi et des activités sur un territoire.

La RATP s’est fixée une feuille de route sur l’économie circulaire intégrant la gestion des déchets, le gaspillage alimentaire dans les restaurants collectifs et le développement de nouveaux projets en écologie industrielle et territoriale visant à promouvoir les synergies inter-entreprises.

Ainsi, depuis 2017 la RATP est pilote aux côtés de la Ville de Paris de la démarche ambitieuse du quartier des Deux Rives qui vise à mettre en œuvre le premier quartier d’économie circulaire du bassin parisien, à cheval sur les 12ème et 13ème arrondissements. La Ville de Paris et la RATP sont installées dans ce quartier, et incarnent deux institutions d’importance engagées pour la transformation de l’économie du territoire vers un modèle circulaire. Un certain nombre d’expérimentations concrètes et innovantes sont déployées sur ce territoire, comme la mise en œuvre de la première déchetterie fluviale partagée entre particuliers et entreprises. Aujourd’hui, le quartier des Deux Rives s’apprête à franchir une nouvelle étape avec la création d’une association autonome qui agira en tant que structure de gouvernance.

Toutes ces actions s’inscrivent dans un contexte en constante évolution avec notamment les décrets d’application de la récente loi économie circulaire.

La loi n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (dite loi AGEC) entend accélérer le changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat.

De grands principes généraux sont détaillés dans les 130 articles de la loi AGEC permettant de dresser les grandes orientations des années à venir : réduction des quantités de déchets, du gaspillage, réemploi, informations aux consommateurs, créations de nouvelles filières dites REP, etc. sont autant d’exemples des évolutions attendues en terme d’économie circulaire.

La RATP travaille à la mise en application des décrets qui concernent le Groupe, notamment sur la mise en œuvre du tri des déchets voyageurs dans les stations et gares, la mise en place d’une traçabilité augmentée des déchets produits, le développement du don, la réduction des plastiques à usage unique, etc.